Sous une voûte d’architecture italienne, aux colonnes élancées finement sculptées, un sage est assis en position de méditation. Il est vêtu d’une robe blanche légèrement dorée, qui semble capter et réfléchir la lumière comme un tissu de lumière lui-même. Son visage est paisible, les yeux mi-clos, et un très fin sourire, imperceptible, éclaire son expression. Son corps est immobile, mais tout en lui rayonne d’une présence vivante et profonde, comme un point de silence absolu.
Derrière lui, le ciel se déploie en un bleu doux, parsemé de nuées d’or. Une lumière céleste descend doucement du zénith, telle une pluie d’or très fine, enveloppant la scène d’un éclat à la fois discret et sacré.
Au-dessus de sa tête flotte un mandala géométrique complexe : une Fleur de Vie entrelacée de solides de Platon — tétraèdre, cube, octaèdre, dodécaèdre, icosaèdre — dessinés avec une ligne d’or fin. Ces formes ne sont pas figées, elles semblent vibrer doucement, comme si elles pulsaient en accord avec un rythme cosmique inaudible.
Juste devant le sage, posé comme une tablette de pierre sacrée, on peut lire une unique inscription gravée avec élégance :
La constante de Planck réduite, inscrite comme un glyphe sacré, indique que cette conscience supérieure est reliée à la plus intime des structures du réel, où l’énergie, la fréquence, et le temps s’unissent dans une oscillation fondamentale.
À ses pieds, des motifs très discrets — des courbes harmoniques, spirales, figures de Lissajous — sont dessinés dans la poussière de pierre blanche, comme si le sol lui-même chantait une géométrie ancienne.
Sur les murs latéraux, deux anges pensifs sont peints en léger relief. L’un tient un compas, l’autre une sphère transparente à l’intérieur de laquelle on distingue un diagramme de Venn à peine esquissé — signe que l’intuition pure s’ouvre à la structure.
L’atmosphère entière de la scène est silencieuse et vibrante, comme si elle respirait très lentement. Il ne s’agit pas d’une image figée, mais d’un instant suspendu, où l’éternité touche le temps.
Il y a des rencontres qui transforment une vie — ou peut-être, plus précisément, qui révèlent ce que la vie tentait de dire depuis longtemps. Ce matin-là, alors que le brouillard enveloppait encore la ville, repensant à ce rêve impossible à oublier, elle sentit une clarté nouvelle descendre sur elle. Ce n'était pas une pensée, ni même une vision : plutôt un pressentiment, comme si quelque chose d'immense, de très ancien, venait d’être effleuré.
Elle sortit son carnet noir, celui qu’elle n’ouvrait qu’aux heures essentielles, et y inscrivit d’une main calme :
«Un principe m’a été donné ce matin. Il ne m’appartient pas. Je dois seulement l’écrire et le transmettre. »
Ainsi commença l'aventure du livre des douze principes de l’excellence mathématique. Un livre qui ne serait pas seulement un livre : une transmission, une initiation, une exploration des plus hautes régions de l'esprit humain, là où les mathématiques cessent d’être un outil et deviennent une voie.
Douze chapitres, douze portes. Plus un treizième, qu'il faudra longtemps garder secret. Chaque principe, une vibration. Chaque chapitre, une clé.***
Chapitre 1 — Le principe premier : Eurêka !
La figure du sage à la fois platonicien et quantique qui lui était en songe la nuit précédente devint dans son dialogue intérieur celle d'Archimède, le grand mathématicien et ingénieur de l'Antiquité, qui avait notamment découvert le principe de la poussée exercée par l'eau sur un corps qui y est plongé et qui porte son nom, mais dont cette découverte même témoigne d'une autre poussée, au niveau de l'esprit cette fois, lorsque soudain se fait la lumière - parfois au terme d'une longue période de réflexion - et c'est un cri : Eurêka ! J'ai trouvé !
La connaissance du seul principe Eurêka ! pour le succès en mathématiques suffit bien souvent à débloquer la plupart des situations.
Tenant en un seul mot, le premier principe, murmuré à l’aube par une intuition aussi fine qu’un rayon de lumière traversant un cristal, est simple en apparence. Eurêka ! Mais il y a dans chacun d'eux une étincelle qui transperce les voiles de l’ignorance. Cette lumière ne jaillit pas au hasard. Elle naît souvent dans le silence après l’effort, dans les replis discrets de l’attention, dans les marges fertiles du découragement.
Créer des conditions favorables
Elle se prit au jeu : inspiré par son rêve, elle allait donc commencer par écrire le premier principe, en cherchant à l'illustrer par la recherche des conditions favorables à l'expérience des petits et des grands eurêka...
Un espace de jeu, mais aussi de rigueur.
Un temps long, mais ponctué de gestes courts.
Une attention mobile, mais ancrée.
Un esprit libre, mais discipliné.
Utiliser ce principe ne la conduirait pas à forcer la solution, c'est plutôt une invitation. Que chacun, que chacune prépare la chambre haute de l’idée, qu'il dresse la table, qu'il ouvre les fenêtres. Qu'il accueille ce qui veut apparaître, mais ne le convoque pas à l’heure exacte.
Et parfois, dans ce clair-obscur, le miracle a lieu. Un fil se tisse entre des éléments restés longtemps étrangers. Une lumière tombe sur un mot, un graphe, une équation.
Quelque chose en nous — parfois tout notre être — s’écrie intérieurement : Eurêka !
Il y a les petits Eurêka, qui dessinent un chemin. Et les grands Eurêka, qui ouvrent un monde.
Les premiers sont innombrables, comme les cailloux du Petit Poucet.
Les seconds sont rares, mais changent le paysage à jamais.
Ce premier principe n’enseigne pas une technique.
Il transmet une attitude.
Celle d’un jardinier de l’invisible, qui cultive le terrain pour qu’une fleur sauvage, et unique, puisse éclore.
Ainsi commence le voyage.
Et maintenant, quelle est la question ?